Pas d’hôpital du futur sans harmonisation des flux de données

Une chose est déjà certaine : la gestion des données ne cessera de gagner en importance.

À quoi ressemblera l’hôpital du futur ? S’il est difficile de prédire dans le détail comment nos soins de santé seront gérés dans dix ans, le sujet vaut pourtant la peine que l’on s’y intéresse. Une chose est déjà certaine en tout cas : la gestion des données ne cessera de gagner en importance.

En 2018, Maggie De Block, alors ministre de la Santé, donnait son feu vert pour diviser les hôpitaux belges en 25 réseaux. Une grande étape pour les hôpitaux, et l’occasion de renforcer la collaboration entre les établissements. En effet, la tâche reste énorme pour les soins de santé en Belgique pour ce qui est de rendre les données des patients facilement accessibles à toutes les institutions de soins. C’est sans doute le plus grand défi à relever pour l’hôpital du futur, comme le relevait déjà une étude du gouvernement flamand en 2019. Et cette conclusion a été encore renforcée par l’épidémie de COVID-19. Par rapport à des voisins comme l’Allemagne et les Pays-Bas, où le projet du dossier patient informatisé (DPI) se trouve à un stade beaucoup plus avancé et où les données s’échangent facilement, la Belgique a encore beaucoup à faire.

Le même flux de données pour toutes les institutions de soins

Pourtant, l’importance des données n’aura de cesse de croître pour les soins de santé, si bien qu’il est vital d’en harmoniser le flux entre tous les acteurs. Prenons le cas d’un patient souffrant de diabète et de problèmes cardiaques. En plus d’un médecin généraliste, d’un diététicien et d’un cardiologue, il pourrait très bien également bénéficier des soins d’une infirmière à domicile et d’un endocrinologue. Pour assurer des soins optimaux au patient, tous ces prestataires doivent pouvoir avoir accès au même flux de données. À une seule et même plateforme capable de transmettre, de recevoir et de lire toutes les données utiles. L’amélioration de la fluidité des soins de santé passera par là.

Viser l’interopérabilité

Il existe pourtant déjà une solution pour gérer les données avec cohérence : la norme « Fast Healthcare Interoperability Resources » (FHIR, ou Ressources d’interopérabilité rapide des soins de santé). Cette dernière est à la base du format d’échange de données Health Level 7, qui constitue la norme internationale pour l’échange électronique sécurisé d’informations. La rapidité avec laquelle la FHIR est introduite a de quoi impressionner. Ainsi, en 2018 aux États-Unis, 64 % des hôpitaux déclaraient déjà l’utiliser. En Belgique, les choses vont moins vite, mais la FHIR deviendra la norme mondiale d’ici une dizaine d’années. C’est une certitude, et cela signifie qu’il faudra créer une plateforme de données tout-en-un permettant aux différents systèmes d’interagir. Cela étant, ce n’est qu’en optant pour une technologie compatible avec toutes les normes imaginables et en même temps agnostique qu’il sera possible d’atteindre cette interopérabilité et de poursuivre la modernisation en vue de l’avenir. La plateforme HealthShare d’InterSystems offre la possibilité de relier correctement tous ces systèmes. Mais les hôpitaux belges n’utilisent pour l’heure pas encore tous une plateforme aussi avancée.

Le cancer du poumon détecté grâce à Google

Ce n’est qu’une fois ces plateformes déployées que l’intelligence artificielle (IA) et l’apprentissage automatique (AA) pourront réellement être exploités dans les soins de santé et que le monde médical pourra utiliser les métadonnées. De même, ce n’est qu’à ce moment que l’on sera en mesure d’analyser les quantités astronomiques de données aujourd’hui cloisonnées dans des silos. Ces analyses pourront à leur tour donner lieu à des recherches révolutionnaires dont nous pourrons déduire des conclusions cruciales. L’algorithme intelligent de Google, capable de reconnaître le cancer du poumon sur des images de scanner, en constitue un bel exemple. Cet algorithme s’est vu présenter quelque 42 000 images de scanner de patients avec ou sans nodules (signe avant-coureur du cancer) et est à présent capable de les différencier à coup sûr en quelques secondes, bien plus rapidement qu’un radiologue. Grâce à l’IA, les soins sont ainsi non seulement plus rapides, et donc moins chers, mais également meilleurs. En effet, le cancer du poumon est dépisté plus rapidement, ce qui laisse aux médecins et spécialistes davantage de temps à consacrer à leurs patients. Afin de simplifier toutes ces étapes, InterSystems a mis au point IntegratedML, une fonction intégrée qui évite aux hôpitaux de devoir assumer eux-mêmes les coûts élevés liés à l’élaboration de modèles d’AA.

Les prochaines évolutions permettront notamment aux patients de transmettre eux-mêmes des informations, par exemple à l’aide d’une smartwatch ou d’une balance intelligente. Des paramètres tels que la fréquence cardiaque et la tension artérielle seront consignés automatiquement dans le DPI du patient et pourront être consultés par les médecins. En cas de besoin, ces derniers pourront agir avant même d’avoir vu le patient. Cela permettra de supprimer les étapes intermédiaires inutiles, de sonner l’alerte et d’agir plus rapidement. Ce n’est toutefois pour l’heure qu’une vision futuriste, et la Belgique en est encore loin. Nous accusons un retard, et pas seulement sur le plan de l’intégration de l’IA et de l’AA. L’échange de données entre les hôpitaux, les médecins, le personnel soignant et les spécialistes externes demeure lui aussi bien trop faible. Cet échange doit d’abord être harmonisé. Ce n’est qu’une fois cet obstacle levé que les plans ambitieux des soins de santé pourront être concrétisés.